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 Nico et Victor

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AuteurMessage
Nicolas de MervilleNicolas de Merville
Messages : 93
Date d'inscription : 28/11/2010
Age : 34

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Nico et Victor Vide
MessageSujet: Nico et Victor   Nico et Victor Icon_minitimeMar 22 Mai - 1:41

- Nico... !

Je ne fis pas attention à la voix insistante qui m'appelait. Elle n'était à mes oreilles qu'un bourdonnement auquel on peut s'accomoder à force de l'entendre. Un peu comme une mélodie ou un air qui se répète inlassablement qu'on finit par oublier. Un bruit de fond qui n'empêche nullement les pensées de défiler dans notre esprit.
Les miennes étaient focalisées sur une seule chose. Ou plutôt sur une seule personne : Roxane. Elle me manquait affreusement... Je souhaitais tellement la prendre dans mes bras, la sentir contre mon torse, humer son odeur féminine. J'aurais aimé être à nouveau caressé pas ses mains aux doigts fins et experts. Je désirai tant la revoir, qu'elle soit à nouveau à mes côtés comme autrefois.

- Nicolas...

Sous mes paupières closes, je me redessinais ses formes parfaites. Je revoyais la perfection de ses lèvres qui savaient me mettre dans une exquise agonie quand elles se posaient sur la moindre parcelle de mon corps. Mes mains, parfaitement adaptées, se refermaient sur ses seins qui, sans être petits, n'étaient pas particulièrement gros non plus. Son bassin se pressait contre le mien alors que l'océan de ses yeux se mêlait à la verdure des miens. J'en ressentais encore la connexion et la force de ce lien puissant qui nous unissait.

- Nicolas de Merville !

Je réprimai un frisson au souvenir de cet amour qui nous avait semblé inébranlable et éternel. On dit souvent que toute bonne chose a une fin. Est-ce que notre histoire s'était arrêtée à jamais ? Notre passion si violente s'était-elle tarie ? Je refusais d'y croire... J'aimais toujours autant Roxane. Je la désirais toujours aussi fort.
Pourquoi m'avait-elle laissé ? Pourquoi m'avoir abandonné ? Pourquoi claquer la porte à ce « nous » qui fusionnait nos deux personnes ? Comment avait-elle pu oser commettre pareil crime ? Une vague glacée m'envahit et enveloppa mon cœur meurtri par une lame invisible qui le consumait peu à peu. J'en frémis, ce qui eut le don de m'énerver. J'enfonçai mes ongles dans mes bras que j'enserrais, faisant couler le sang sous le tissus blanc de ma chemise qui se teinta de rouge. La douleur m'effleura à peine avant qu'elle ne disparaisse en même temps que je cicatrisais derechef. La colère et le chagrin d'avoir perdu ma femme vivaient trop puissamment en moi pour qu'une autre souffrance puisse me les faire oublier. Et surtout quand elle était physique
J'aurais aimé cracher « bon débarras » à la figure de mon épouse, lui hurler que partir s'avérait la meilleure chose qu'elle ait faite... mais ce serait mentir... Seules la rancune de son départ et une fierté mal placée – je le reconnais – m’insufflaient pareilles pensées. Comment pourrais-je rejeter Roxane si elle devait revenir – car elle reviendra, pas vrai – alors que tout mon être n'aspirait qu'à la récupérer ? Impossible ! Inenvisageable !

CLACK

Je sursautai et tournai la tête pour tomber sur un visage exaspéré et sévère dont les sourcils froncés accentuaient cet air courroucé. Je remarquai les mains encore levées et qui avaient frappé l'une contre l'autre dans le but de me sortir de mes pensées.

- Enfin, tu réagis ! Fit la voix impatiente qui s'associait si bien avec cette figure d'ange qui m'avait fait craquer.
- Que veux-tu, Victor ? Demandai-je simplement.
- Je comptais sortir me nourrir. J'ai pensé que tu pourrais m'accompagner.
- Et pourquoi t'accompagnerai-je ? Pour te voir bouffer des rats ?

J'éclatai de rire. Un rire méchant et sans la moindre joie. Comme il m'arrivait de le faire depuis le départ de Roxane... Mais je cessai bien vite en voyant mon Infant croiser simplement les bras, ne cherchant pas à relever ma remarque. A force, il avait l'habitude que je me moque « gentiment » de lui dès que j'en avais l'occasion et ne s'en formalisait plus. Au point qu'il avait cessé de réagir. Ce qui n'était pas vraiment pour me plaire.

- J'aimerai que tu viennes, Nico, insista-t-il. S'il te plait.
- Pourquoi...?

Oh ! Je connaissais la réponse. Il me rabâchait suffisamment les oreilles avec cette histoire... Et comme à chaque fois, ma réponse serait négative... Pourquoi en serait-il autrement ?

- Tu sais très bien pourquoi... s'impatienta Victor.
- Dis le moi quand même...

Moi ou comment jouer les gamins et exaspérer les autres... C'est tout un art, croyez-moi et ce n'est pas donner à tout le monde... Même Roxane en avait fait les frais. Mais peut-être était-ce pour ça qu'elle m'a aimé ? Qui sait... ?

- Il faut que tu te nourrisses, Nico... ça fait combien de temps que tu n'as plus pris une goutte de sang ? Un mois ? Deux moins ?
- Tu n'es pas ma mère que je sache. Et puis, ça te va bien de dire ça, toi qui t'es refusé la moindre goutte de sang pendant des semaines pour des conceptions morales à dormir debout...

Mon ton n'avait rien de cassant ou de sarcastique. Au contraire, il était resté calme et posé, presque sans la moindre émotion alors que mon regard fixait un point invisible par la fenêtre du salon. Appuyé contre le rebord, j'avais les bras croisés et je contemplai d'un air absent la pluie battante qui inondait ma Nouvelle-Orléans. Je suivis une traînée d'eau qui glissait doucement sur la vitre, Victor étant sortit de mon esprit. Mais il se rappela bien vite à moi quand il prit la parole.

- C'est différent... Toi, tu te laisses dépérir. Alors que moi, je me refuse de tuer un être humain. Et contrairement à toi, je bois malgré tout du sang. D'animaux, peut-être, mais du sang malgré tout. Toi, tu ne prends rien. Et le Nicolas que je connais n'est pas du genre à se laisser aller.

A nouveau, je fus pris d'un fou rire tout en fixant les allées-venues des passants dans la rue

- Le Nicolas que tu connais ? Raillai-je. M'as-tu seulement connu, Victor ? Sais-tu au moins qui je suis réellement ?
- La personne que j'ai en face de moi actuellement, non, je ne la connais pas. Quant à l'autre Nicolas... Je sais au moins une chose sur lui.
- Et quoi donc ?
- Qu'il est trop fier pour se laisser abattre.

Je baissai légèrement la tête alors que la commissure de mes lèvres se soulevait tristement. Il n'avait pas tord. Celui que j'avais été n'aurait pas abdiqué de la sorte. Il n'aurait pas baisser les bras mais au contraire aurait rebondi pour pouvoir se relever. Il aurait eu cette force. Force dont je me retrouvais dépourvu à présent. En partant, Roxane me l'avait volée. Roxane était mon énergie, ma volonté. En me quittant, elle m'avait ôté une grande part de moi-même.
J'entendis Victor soupirer mais n'y prêtai aucune attention.

- ça fait combien de temps ? Commença-t-il. Dix ans ?

Je me raidis à cette évocation, ne prononçant pas un mot. Mieux valait que je m'abstienne de faire la moindre remarque où je risquai de m'emporter...En espérant, que Victor n'aille pas plus loin...

- Tu sais... Rester devant cette fenêtre nuit après nuit dans l'espoir de la voir arriver n'a aucune utilité.

Bien sûr que je le sais, Victor... Mais qu'y puis-je ? Je ne peux m'en empêcher. C'est plus fort que moi. Quand on a adoré une femme telle que Roxane, on ne peut qu'être excessif dans nos action. Peux-tu le comprendre, toi, mon doux compagnon qui est si sensible et trop humain ?

- Refuser de te nourrir de peur de rater son arrivée ne te servira à rien. Ne souhaites-tu pas être convenable pour son retour ? Ou préfères-tu n'être qu'une loque , un être squelettique aux veines palpitantes à cause du manque ? Veux-tu la faire culpabiliser de t'avoir quitter ?

Je m'abstins de dire quoi que ce soit. Lui comme moi savions que faire porter le chapeau à Roxane n'est aucunement mon intention. Ça ne me serait absolument pas venu à l'esprit. J'avais ma part de responsabilité dans toute histoire. Lorsque je me savais en tord, je ne me cachais pas et encore moins m'aveuglais en pointant le doigt sur une autre personne comme l'aurait un enfant. J'ai beau me comporter par moment comme tel mais je n'en étais plus un depuis fort longtemps.
Alors pourquoi de telles paroles ? Qu'est-ce que Victor cherchait à prouver ? Que bouillonnait-il dans son esprit tortueux ? Ah ! Grand bien lui fasse ! Je n'en avais cure... Il pouvait tout aussi bien comploter contre moi que ça ne me ferait ni chaud ni froid. Ou alors si peu... Voilà que je me leurrais et me mentais à moi-même... Comment supporterai-je une trahison de sa part ? Ce serait le coup de grâce, moi qui me mourrais à cause de Roxane.

- Viens te nourrir en ma compagnie, Nicolas. Si elle devait revenir pendant ton absence et acceptait de rester à tes côtés, elle t'attendra. Si elle t'aime, ce qui est le cas, elle le fera. Tout comme ça fait dix ans que tu l'attends.

Je fis un léger non de la tête. Je n'avais aucune envie de sortir et de boire au cou d'un des criminels qui arpentaient les rues de la Nouvelle-Orléans. Le goût du sang s'était comme envolé au moment où elle avait passé la porte.

- Assez, Nicolas ! Je t'emmènerai avec moi de gré ou de force mais tu iras te nourrir ! Tu en as besoin !

D'un geste vif, il attrapa mon poignet et tenta de me tirer avec lui. Mais je tins bon et me dégageai vivement de son entrave.

- Laisse-moi, Victor...
- Non !

Comme mon attitude désintéressée devait l'exaspérer ! Il acceptait de se laisser aller dans la dépression mais refusait que ses proches en fasse de même. S'inquiétait-il réellement de moi ? J'aurai aimé le croire. Mais j'en doutais... Comment puis-je le croire après avoir vu la haine, la rancoeur qui couve en lui ? En toute honnêteté... je me sentais perdu.

- Décidement... je comprends d'autant plus pourquoi Roxane est parti... Qui peut te supporter ? Qui peut supporter un égoïste et un prétentieux comme toi ?

Je réagis au quart de tour. Comment osait-il ? Je le pris par la gorge et lui fis traverser la pièe avec moi avant de la plaquer violemment contre un mur, sa tête frappant douloureusement – pour lui – le papier peint. Mes doigts se resserraient sur sa gorge comme des serres alors que mes yeux brûlant de colère le fixaient.

- Ne... prononce... plus jamais... son nom... devant moi... déclarai-je d'une voix tremblante de rage.

Comment le nom de Roxane avait-il pu sortir de sa bouche ? Je ne supportai plus de l'entendre... Et venant de n'importe qui. Je ne voulais plus que ce nom vienne à mes oreilles...Il me blessait. Au même titre qu'une formule magique qui commanderait à la lame plantée dans mon cœur de s'y enfoncer davantage pour le transpercer de part en part. La douleur en devenait plus fulgurante. Au point que des tremblements rageurs me secouaient.
Victor le savait. Alors pourquoi ? Comment osait-il ?

- Enfin, j'ai une réaction, dit-il d'une voix étouffée. Je me demandais si un jour tu parviendrais à te réveiller un peu.
- Je te demande pardon ?
- Ça fait dix ans que j'essaie de te bouger, de faire partir le zombie que tu es devenu ne serait-ce qu'une seconde pour savoir si tu es encore là. Me voilà rassurer de te revoir, Nicolas.

Éberlué, je le lâchai, ne quittant pas ses yeux marrons. En d'autres circonstances, je me serais sans doute emporter mais pas cette fois. Ainsi, il me provoquait dans le but de me faire réagir ? J'ignorai comment le prendre. Devais-je m'en irriter ? Devais-je, au contraire, en être touché ? Ou indifférent ? Je ne savais même pas quelles étaient les véritables intentions de Victor. Ou même s'il était sincère. Ce sentimental s'avérait être une véritable énigme pour moi par moment... Tout comme il pouvait se montrer dangereusement prévisible...
Que pensait-il ? Avait-il réellement peur pour moi ? Souhaitait-il sincèrement mon rétablissement bien qu'il fusse impossible ? Essayait-il vraiment de me réveiller ? Se donnerait-il autant de mal pour moi s'il ne s'agissait que d'une façade ? Le connaissant, j'en doutais. Victor n'était pas menteur ou hypocrite à ce point. Du moins... je me plaisais à le croire. Si c'était le cas, il était diablement fourbe et manipulateur... Mais honnêtement, cette image jurait beaucoup trop avec sa personnalité...
Je fis un pas en arrière, ne le quittant pas des yeux et gardant le silence alors que mon bras retomba mollement le long de mon corps. Victor...

- Viendras-tu avec moi ? Demanda-t-il calmement.

J'émis un soupire. Mais comment refuser finalement ? De plus, ma soif me sauta brusquement à la gorge, l'enserrant douloureusement et faisant palpiter mes veines dans un feu chatoyant. Néanmoins, je fus surpris que cela reste juste... désagréable. Il n'y avait pas de réelle souffrance malgré un jeun de presque trois mois. Même Jack ne m'avait pas privé de sang aussi longtemps... Je battais sans doute mon record. Un rire voulu sortir mais il se bloqua au fond de ma gorge. Comme si mon état actuel me refusait le moindre éclat.

- Très bien, Victor. Je viendrai... à une condition.
- Laquelle ? Fit-il, méfiant.
- Que tu te nourrisses sur un humain.

En d'autres circonstances, j'aurai été pris d'une monstrueuse crise d'hilarité en voyant la consternation et l'air choqué passer sur son visage. J'aurais ri à en pleurer tant la tête scandalisée me paraissait comique. Sans compter que j'imaginai parfaitement les pensées qui déferlaient sous son crâne, à défaut de pouvoir les lire. Je pouvais presque entendre les injures qui ne franchissaient pas la barrière de ses lèvres. Ce qui accentua l'aspect cocasse de la situation. En tout cas, à mes yeux.
Mais aucun fou rire ne me secoua. Je n'affichai qu'un visage neutre mais sérieux. Car oui, je ne plaisantais pas sur cette condition que je lui imposais. Je tenais à ce qu'il ait une alimentation saine. Hors le sang d'animaux n'en était pas. Il ne correspondait qu'à un moyen facile de palier à une urgence mais en aucun cas à un véritable repas. De plus, s'il me forçait à me nourrir contre mon gré, je pouvais en faire de même, pas vrai ? Juste retour des choses !

- Nicolas... commença mon Infant.
- Non ! Le coupai-je. Aucune négociation possible, Victor.

Ses yeux suppliants ne me firent aucun effet. Je restai de marbre et campé sur ma décision. S'il voulait me voir m'abreuver, il devra en faire même de façon convenable. C'était tout ou rien. S'il espérait me faire changer d'avis, il perdait son temps car borné, je l'étais. Même Roxane se retrouvait impuissante lorsque j'avais quelque chose en tête.Victor en était la preuve vivante. Enfin, façon de parler...

- On dirait que tu ne me donnes pas le choix...
- Oh que non ! Fis-je sans pitié.

Il baissa la tête quelques secondes puis la releva, me foudroyant du regard. Regard que j'affrontai sans la moindre difficulté. Si j'avais été capable de faire face à celui de Roxane comment n'aurais-je pu le faire avec Victor ? Les yeux de mon épouse m'avaient douloureusement brûlés au moment de son départ mais je n'avais pas cédé à cette douleur. A aucun moment. Trop fier. Trop têtu.

- Tu es un monstre...
- Je sais, déclarai-je dans un fin sourire moqueur.
- Je vais accepter ta condition mais sache que je ne te le pardonnerai pas...
- Si tu savais comme je m'en soucis comme de ma dernière chemise... Je ne cherche et ne chercherai jamais à me faire pardonner quoi que ce soit vis-à-vis de toi.
- Pas même ma transformation ?

Je me tus, me sachant sur un terrain dangereusement glissant. Je ne possédais aucune réponse à sa question... Me faire pardonner de l'avoir transformer ? Etait-ce ce que je voulais ? En soit, je ne me sentais pas coupable. Je ne regrettai aucunement d'avoir fait mien Victor. Et pourtant... c'est ce qui avait conduit Roxane à m'abandonner. La perte était trop grande en comparaison. J'avais blessé ma femme, mon amante, ma confidente au plus profond d'elle-même et ça, oui, je le regrettais et m'en voulais. Renoncer à Victor ? J'en étais incapable. Tout comme j'étais incapable de cesser de les aimer, l'un comme l'autre. On ne peut pas effacer ça. Et je ne le souhaitais pas.

- oui, pas même ta transformation, finis-je par dire.
- Je suis sûr qu'il y en a une qui adorerai t'entendre dire ça...
- Tais-toi, Victor...Je ne veux plus parler d'elle...Pas avec toi.
- Lâche... Tu fuis.
- Non... Je suis juste épuisé, Victor. A présent, allons chasser.

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