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 Rumeurs et premiers échos

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Nicolas de MervilleNicolas de Merville
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Rumeurs et premiers échos Vide
MessageSujet: Rumeurs et premiers échos   Rumeurs et premiers échos Icon_minitimeMar 24 Jan - 18:52

Le carrosse s'arrêta enfin, faisant cesser les interminables secousse dû au dallage des rues parisiennes. Je n'étais pas mécontent que cela se termine. Il n'y avait rien d'agréable à être envoyé dans tous les sens, même légèrement, à la manière d'un sac de pomme de terre. J'avais fermé les rideaux durant le voyage ; ainsi personne ne me verrait, ce qui imposerait un voile de mystère sur ma personne. Bien entendu, les gens connaissaient ma voiture ainsi que celle de mes parents. Et donc, ils savaient qui se trouvait à l’intérieur. Mais le fait qu'on ne puisse pas me voir me donnait une aura d'inaccessibilité et donc de mystère. Et je me plaisais à entretenir cette aura et cette réputation ; donner l'impression que j'étais une personne importante que seuls quelques privilégiés pouvaient approcher, tel un roi ou un dieu. D'ailleurs, j'étais plus populaire que le roi Louis XVI, notre roi actuel. On ne pouvait pas dire qu'en ces jours, notre cher souverain français fut particulièrement adoré par son peuple. La preuve : une révolution couvait. La moindre étincelle et l'incendie se déclencherait.
Quant aux aristocrates comme moi, on trouvait le roi mou et empoté, le jugeant incapable de gérer fermement son pays. Personnellement, je voudrais pas être à la place de ce bon gros Louis. Etre lyncher de partout et de cette manière ne doit franchement pas être facile à vivre.
Dehors, j'entendis le cocher descendre de son perchoir ainsi qu'un des chevaux de l'attelage gratter nerveusement le sol. Patiemment, j'attendis que le bonhomme vienne ouvrir la porte. J'aurais pu le faire moi-même, bien entendu, mais je prenais plaisir à me faire servir et que l'on s'occupât de moi. Bientôt la poignet bougea et la portière pivota vers l'extérieur dans un léger grincement, laissant apparaître un homme petit , trapu et d'assez bonne chair. Poliment, il se mit de côté, me laissant le passage.

- Vous êtes arrivé, monsieur, annonça-t-il.
- Merci Bertrand, déclarai-je courtoisement tout en descendant les deux marches.

Le carrosse était stationné dans une grande cour intérieure dont le dallage paraissait d'un gris bleuté à cause de l'obscurité de la nuit. Le sol mouillé paraissait briller sous l'éclat des lumières provenant des fenêtres de la maison située face à moi. Mon cocher s'empressa de me protéger des gouttes tombant du ciel à l'aide d'un parapluie. D'un geste de remerciement, je le pris par le manche en bois.

- Demandez s'il y a possibilité de mettre la voiture quelque part et de mettre les chevaux à l'écurie. Voyez si on peut s'occuper également de vous. J'ignore quand la soirée se terminera et je m'en voudrais de vous faire attendre dehors sous cette pluie. Si cela n'est pas possible, rentrez et revenez vers trois ou quatre heure.
- Bien monsieur. Mais si la soirée se termine avant, monsieur ?
- Et bien, je vous attendrai. Ne vous en faites pas pour moi, Bertrand. Je saurais m'occuper d'ici là. Et puis, je doute sincèrement que cela finisse avant.
- Comme vous voudrez, monsieur.

D'un geste amical, je lui tapotai l'épaule avant de me diriger vers l'entrer de la maison. Devant les grandes porte en bois massif attendait un valet vêtu d'une redingote rouge vif. Ne me souciant plus de mon cocher qui s'affairait déjà pour faire ce que je lui avais demandé, je m'avançais vers l'homme qui vint à ma rencontre. A peine fut-il à ma hauteur qu'il s'empara de mon parapluie.

- Venez à l'intérieur, monsieur. Vous allez être trempé, dit-il en m'accompagnant jusqu'au perron.

Je le laissai faire et entrai dans le hall. Patiemment, j'attendis qu'il secoue mon parapluie à l'extérieur et qu'il vienne me rejoindre à l'intérieur.

- Laissez-moi retirer votre manteau, monsieur

Il n'attendit pas ma réponse et enleva mon vêtement. En dessous, je portais ce qu'on appelle l'habit à la française. A savoir un justaucorps en satin bleu foncé composé de fines broderies dorées ; un gilet sans manche, également en satin, d'un bleu plus clair, et dont les broderies étaient argentées cette fois, venait juste en dessous, recouvrant le dessus de mes épaules jusqu'à mes hanches ; et une culotte de velours noire descendant un peu plus bas que mes genoux. Le tout accompagné d'une chemise à jabot et de bas de soie blanche ainsi que de souliers en cuir noir. Quant à mes cheveux, ils étaient attachés en une queue de cheval avec un ruban noir au niveau de la nuque, laissant de chaque côté de mon visage quelques mèches rebelles. C'est ce qu'on appelle une queue de cheval en catogan. Rien à voir avec ces perruques poussiéreuses qui donnent des démangeaisons et salisse les cheveux ! Je ne supportais pas et ne supporterai jamais ce genre d'accessoire. Avec un minimum d'entretien, on est parfaitement capable d'avoir une chevelure parfaitement convenable.
Ainsi vêtu, j'étais la représentation même de l'élégance masculine. D'ordinaire, ce genre d'apparat étaient réservé pour la cour. Mais je me fichais royalement de cela. Je voulais me démarquer, briller parmi ces gens ternes et ennuyeux. Je valais beaucoup mieux qu'eux.
Le valet plia mon manteau noir sur son avant-bras et m'invita à le suivre. Ce que je fis.

- On ne vous attendais plus, monsieur de Merville. Vous êtes en retard. Pas de beaucoup, c'est vrai mais...
- Je le sais, mon bon ami, fis-je poliment et le plus normal du monde. Et je présenterai mes excuses à mon hôte. Malheureusement, je n'ai pas pu me libérer plus tôt à cause de quelques affaires à régler.

Bien entendu, je mentais. J'étais venu volontairement en retard. Ainsi on me remarquerait et tous les regards seraient braqués sur moi. Je ne le faisais pas systématiquement. Cela aurait malgré tout donné une mauvaise image de moi. Et ce n'était pas le but. Mais de temps en temps, la fantaisie me prenait de ne pas venir à l'heure prévue.

- Puis-je vous demander une faveur ? Fis-je pour changer de sujet.
- Je vous écoute, monsieur.
- Mon cocher est fatigué par la route, ainsi que mes chevaux. Par ailleurs, il pleut. Est-il possible de ranger ma voiture quelque part et d'accueillir mes chevaux dans votre écurie. Mon cocher serait heureux d'avoir quelque chose de chaud dans l'estomac et de pouvoir se reposer quelques instant.
- Je suppose que oui, monsieur. Je vais voir ce que je peux faire. Mon seigneur ne devrait pas être contre.
- Merci mon bon ami, vous me rendez un grand service, déclarai-je comme si j'avais déjà eu l'acceptation de ma demande.

Le valet me jeta un bref regard, un peu surpris et gêné. Il se voyait mal me refuser une telle faveur en raison de la manière dont je l'avais présentée. Je fis mine de ne pas regarder dans sa direction mais j'avais parfaitement remarqué son coup d’œil vers moi.
Je le suivis à travers le hall jusqu'à arriver devant de grandes portes massives. Le domestique abaissa la poignet et pénétra dans l'immense pièce où avait lieu le banquet.

- Mes dames et messieurs ! Nicolas de Merville !

A ces mots, j'entrai dans la pièce alors que le valet fermai derrière moi. Des domestiques s'affairaient autour de la grande table où les invités discutaient. Dès que j'apparus, un silence de mort régna dans la salle tandis que les regards étaient tous dirigés vers moi. Beaucoup d'entre eux détaillaient ma tenue et semblaient apprécier, me trouvant plus qu'élégant. D'autres étaient admiratifs face à au charme que je dégageai alors que certains – les plus nombreux – me méprisaient. Ils jalousaient mon éclat et mon élégance. Ils ne pouvaient le nier. Ils étaient obligés de reconnaître mon charisme et cela les faisait enrager. Ils me jalousaient. Intérieurement, je souris.
Je remarquai que les serviteurs venaient tout juste de poser les plats sur la table. Personne n'avait été servit, mis à part les boissons. Et bien ! Ils semblerait que je tombe au bon moment !
Un homme et une femme se levèrent. Tout deux avaient un sourire poli. En tout cas, pour l'homme, c'était le cas. En revanche, celui de la femme était charmant et plutôt sincère. Tout naturellement, je le lui rendis. C'était la moindre des choses n'est-ce pas ?

- Monsieur de Merville ! Bienvenu ! On ne vous attendait plus.

Le couple s'avança vers moi.

- Monsieur le comte, fis-je avec un sourire poli. Veuillez me pardonner. J'ai dû régler quelques affaires avec les domestiques. Vous savez ce que c'est.
- Oui, bien entendu.
- Vous êtes tout pardonné, monsieur, déclara la femme.

Je tournai la tête vers elle, amusé. Plutôt grande et des cheveux blonds attaché en un chignon lâche, elle était plutôt jolie. Elle possédait de hautes pommettes bien rosés, des yeux noisettes brillants et mignon petit menton.
Souriant allègrement, je m'emparai de sa main et me penchai, le faisant un délicat baisement. Mes lèvres effleurèrent sa peau. Lorsqu'on faisait un baisemain, on embrassait pas vraiment la main de la femme. On ne faisait que la frôler. Dans le cas contraire, c'était un geste déshonorant. Et je ne comptais pas la déshonorer. Du moins, pas tout de suite.

- Madame la Comtesse, vous êtes plus ravissante que jamais, déclarai-je le plus naturellement du monde.
- Allons, gloussa-t-elle. Cessez vos bêtises ! Vil charmeur !

Je retins un rire. Il s'en étais fallu de peu. Sans compter que je sentais un regard peu engageant posé sur moi. On dirait bien que ce cher comte de Brozac n'aimait pas que je... « batifole » avec son épouse. Pas étonnant, en même temps, quand on me connaissait. Néanmoins, il n'avait rien à redire sur mon attitude. Après tout... je n'avais rien fait de mal. Et je n'avais absolument pas été désobligeant. Je n'avais fait qu'un compliment sous forme de plaisanterie. Et c'était là ma force. Personne ne pouvait rien répliquer sur mon attitude car je restai d'une extrême politesse. Le fait que tout le monde savait ce que j'étais – à savoir un libertin redoutable – ne changeait rien.
Le comte se racla un peu la gorge et s'empara du bras de sa femme.

- Venez, Monsieur de Merville. Venez vous joindre à notre table.
- Merci, Monsieur de Brozac.

Je lui suivis jusqu'à la table et m'installai tranquillement à la place qui m'était réservé. Et le couple qui m'avait accueilli en fit de même.

- Bien ! S'exclama mon hôte. Maintenant que tout le monde est présent, je pense que nous pouvons commencer à nous restaurer.

Les serviteurs remplirent les assiettes des convives qui se mirent à jacasser. , comme j'aime à le dire. Une des femmes s'adressa à moi avec un sourire poli totalement exagéré.

- Dites-moi, monsieur de Merville. J'espère que les soucis que vous avez eu avec vos domestiques ne vous ont pas trop posé de problème.
- Non, répondis-je d'un ton badin. J'ai pu facilement les remettre à l'ordre. Mais bien évidemment, cela m'a pris du temps.
- Oui, c'est compréhensible, déclara un homme. Ils sont souvent long à la détente. J'ai le même problème avec mes propres serviteurs

Un rire entendu secoua l'assemblée. Je n'y participai que par un sourire concis. Intérieurement, je me moquai d'eux. Et d'un autre côté, je plaignais les domestiques présent dans la salle qui servaient tout le monde. Quand l'un d'eux s'approcha de moi pour remplir mon assiette, je le détaillais rapidement. Le trouvant plutôt mignon, je lui adressai un léger sourire puis me penchai discrètement vers son oreille.

- Ne faites pas attention, ils sont stupides. Ignorez-le, ils n'en valent pas la peine.

Même si j'avais murmuré, le jeune homme, qui devait avoir dix-sept ans, m'avait parfaitement bien entendu. Il tourna la tête vers moi, surpris par ce que j'avais dit. Nos visages étaient si proches que je pouvais sentir son souffle chaud sur ma peau. Discrètement, je lui adressai un clin d’œil qui le fit rougir. Voulant chassé son embarras, il s'éloigna. Je le suivis des yeux avec un sourire amusé avant de suivre à nouveau la conversation tout en entamant ma viande.

- Avez- vous lu Les Liaisons Dangereuses de ce... Laclos ? Interrogea un baron. Pour ma part, j'ai trouvé ce nouveau livre de très mauvaise qualité et immoral

Je retins habilement un rire en tâtonnant ma bouche du bout de ma serviette afin de cacher un fin sourire moqueur. Pourquoi n'étais-je pas étonné d'une telle réaction face à cet ouvrage qui faisait fureur et scandale ?

- Oui, moi également, monsieur le Baron, répondit une duchesse. Il est d'un très mauvais goût et il dévalorise nos mœurs et surtout nous, les femmes.
- Ah ! Les femmes ! Railla un homme de l'assemblée. Vous êtes si sensibles et fragiles ! Que seriez-vous sans nous, les hommes ?

Tous les hommes rirent avec franchise alors que les femmes se contentèrent de sourire. Pour ma part, je n'eus aucune réaction. Aucun rire. Aucun sourire. Je n'étais certes pas un fervent défenseur de la gente féminine – sinon je ne serais pas libertin – mais je trouvais stupide et impudent de sous-estimer le pouvoir des femmes. Elles étaient plus forte que les hommes. Du moins... sur certains points. Pour avoir appris à les connaître, je savais qu'une femme était plus vicieuse et plus fourbe qu'aucun homme ne pouvait l'être. En matière de vengeance, elle ne ratait jamais sa cible. Pour cela, elle prenait son temps, étudiant chaque mouvement de sa victime, prenant en compte chaque élément. Et quand le moment opportun arrive, elle frappe. Les femmes avaient une patience plus grande que celle des hommes en général et c'était sans doute leur arme la plus redoutable. Mis à part leur corps, bien entendu.
J'avais du mal à comprendre que mes congénères masculins ne parvenait pas à voir une chose aussi évidente que cela. N'y étant pas aveugle, je savais me défendre face aux mesquineries féminines. Mais quelqu'un comme cet imprudent serait mort au premier coup.

- Et vous, mon jeune marquis de Merville ? M'interrogea la comtesse de Brozac. Qu'en pensez-vous ?
- Moi ? Fis-je d'un ton innocent. Vous tenez vraiment à le savoir ?
- Oui, insista-t-elle dans un sourire radieux.

La tentation était trop grande pour que je ne joue pas un peu au théâtre. Lentement et afin de laisser planer un brin de suspens, je m'essuyai consciencieusement les lèvres alors qu'elles n'avaient aucune trace de sauce.

- La vérité... commençai-je en marquant une pause. C'est que je l'ai trouvé plutôt intéressant.
- Ah, vraiment ? Fit un des convives. N'est-il pas immoral à vos yeux ?
- Ai-je jamais dit cela ? Exagérai-je en prenant un air franchement choqué. Grand dieu ! Non ! Bien sûr qu'il est immoral ! Est-ce qu'une des femmes de notre siècle se comporterait-elle en une madame de Merteuil ? Et ce qu'une femme tomberait réellement dans le piège d'un Valmont comme ça été le cas pour madame de Tourvel ? Non, évidemment.
- Alors en quoi le trouvez-vous intéressant, monsieur de Merville ?

Je me penchai un peu en avant, jetant un regard circulaire sur la table des invités.

- Je prends ce livre comme un sorte de messager. Il nous prévient de ce qui pourrait arriver si on y prend pas garde.

Tous les regards étaient fixés sur moi. Personne ne parlait et chacun était accroché à mes lèvres, voulant connaître la suite de mon raisonnement qui n'était pourtant qu'une raillerie à leur idiotie.

- Il nous montre simplement le danger de certaines relation qu'on peut avoir. Mais également d'un changement des mœurs, des mentalités. Bien sûr, ce livre exagère et nous expose une caricature mais...elle n'est pas très éloignée de la réalité. Nous sommes actuellement dans une époque de grands changements. Voyez la révolte qui menace dehors !
- Une révolte ? Fit un marquis. Une révolte n'est qu'une révolte et elle sera vite étouffée dans l’œuf si elle éclate.
- Je dis révolte mais c'était pour ne pas dire une révolution. Et croyez-moi, elle éclatera. J'ignore quand mais cela arrivera. Et rien ne pourra empêcher les changements qu'elle apportera.

Ils y eut quelques rires. Je dois avouer que je le pris très mal. Mais je n'en montrai rien. S'ils choisissaient d'être aveugle, grand bien leur fasse ! Ce n'était pas faute de les avoir prévenu.

- Vous êtes bien présomptueux de croire une chose pareille ! Répliqua le marquis. Le roi trouvera bien une solution.

Incapable de me retenir, j'éclatai de rire. A tel point que j'en eus la larme à l'oeil.

- Le roi ? Ricanai-je. Le roi est complètement dépassé et criblé de dettes ! Comment pourrait-il faire face à une vague pareille ?
- Comment osez-vous dire cela ?
- Je ne fais qu'exposer l'évident, mon bon marquis. Il est inutile de se voiler la face. On devrait se préparer mentalement à toute éventualité, s'attendre à beaucoup de choses. Des choses qu'on aurait jamais pu imaginer. Trop longtemps, le peuple meurt de faim. Trop longtemps on lui mit la bride autour du cou. A présent, il n'est pas surprenant qu'il hurle sa colère, sa misère et réclame justice.
- Vous parlez comme un fataliste, commenta une femme, impressionnée.
- Non, répondis-je. Je suis réaliste. C'est tout.

Un silence lourd régna sur l'assemblée. Personne ne bougeait, n'émettait le moindre son. Pas même un soupire. Sauf moi qui me remis tranquillement à manger.

- Votre viande est délicieuse, monsieur de Brozac. Bravo à la cuisinière ou au cuisinier, déclarai-je le plus normalement du monde

Etrangement, mon intervention, au lieu de mettre les convives mal à l'aise, les détendit. Ils confirmèrent mes dires en recommençant à manger. Le comte de Brozac remercia les invités pour leurs compliments et affirma faire passer le mot au cuisinier.

- J'ai entendu dire que le Pape venait en France pour parler au roi, dit le comte de Brozac pour reprendre un sujet de conversation.
- Oui, moi également. Je m'interroge sur la raison de cette entretien, avoua un baron.
- Ne serait-ce pas à cause de la soit disant fille de la baronne Marie de Beauville ?
- Madame de Beauville a une fille ? S'étonna la femme du baron. Je l'ignorai. J'ignorai même qu'elle s'était mariée.
- Non, la baronne n'est pas mariée. Mais il s'agit bien de sa fille, affirma le comte de Brozac. J'ai entendu dire qu'elle a grandi en Italie. Ou bien est-elle née là-bas et son père serait un italien. Je l'ignore. Qui sait ? Peut-être est-elle née en France mais a été envoyé en Italie pour son éducation. Et, comme elle revient en France, c'est sans doute pour ça que le Pape vient et en profite pour parler au roi.
- Vous pensez que le Pape a éduqué cette petite ? Demanda le baron.
- C'est possible. Si madame de Beauville a souhaité que sa fille ait la meilleure éducation qui soit, ça n'est pas impossible. Après tout, être élevée par le Pape lui-même, ce n'est pas rien.
- C'est certain, commenta le marquis.
- Quelqu'un sait-il à quoi ressemble cette enfant ? Interrogea un homme.

Cet homme était le chevalier de Cléance. Un libertin aussi redouté que moi. Enfin... presque aussi redouté. Personne ne pourra m'égaler, de toute manière. Il me détestait cordialement et me considérait comme un rival de taille. Rien que d'y penser, cela me faisait rire. A mes yeux, il n'avait rien d'un rival. Il n'avait aucune classe avec les femmes. Un peu trop direct ce qui lui avait valu bien des échecs. Alors que moi, je n'en avais eu aucun. Aucun homme et aucune femme ne m'avait échappé. Je me demandais comment il faisait pour se donner le titre de libertin.
Son regard, au moment où il posa sa question, brilla de convoitise, me donnant une idée clair de ce qu'il avait en tête. J'haussai un sourcil. Etait-il désespéré à ce point pour qu'il s'intéressât à une enfant ? Le chevalier était de six ans mon aîné et avait toujours préféré les femmes un peu plus...mûre.

- Je l'ai aperçu chez la baronne, quand je suis allée lui rendre visite il y a quelques jours, expliqua notre hôte. Ça n'a peut-être que onze années et quelques mois mais elle a un vrai corps de femme. On en oublierait presque qu'elle n'est encore qu'une enfant. Elle est véritablement charmante ! Des cheveux bruns attachés élégamment ! Une toilette raffinée prise de la mode italienne, je dirai. Avec une toute autre personne, ça paraîtrait presque choquant mais cela lui va avec une telle merveille qu'on croirait presque qu'il s'agit d'une seconde peau. De plus, elle a des yeux bleus incroyables. Cette petite a vraiment quelque chose. On pourrait en tomber amoureux.

Inconsciemment, je passai ma langue sur mes lèvres d'un air gourmand. Ce fut qu'après l'avoir fait que je m'en rendis compte. Mais j'y prêtai pas plus attention que ça. Une femme-enfant, hein ? Et d'une beauté sans pareille. Sans compter le mystère qui enveloppait ses origines. Etait-elle réellement italienne ou avait-t-elle simplement été élevé par le Pape pour perfectionner son éducation ? Si tel était le cas, il n'y avait rien à s'emballer de la sorte. On ne peut pas dire que le Pape soit une personnalité... disons... amusante, si je puis dire. Mais malgré tout ma curiosité était éveillée. Entre les ragots et la réalité se trouvait un gouffre énorme. Qui avait-il de vrai dans cette histoire ? Qui était vraiment cette petite nouvelle an sein de l'aristocratie française ?

- Et vous avez pu voir tout cela rien qu'en l'apercevant, monsieur le comte ? Dit d'un ton ironique le chevalier de Cléance.
- Je ne lui ai pas vraiment aperçu, je l'avoue. Nous nous sommes salués mais elle est rapidement sorti de la pièce.

Je jetai un rapide coup d’œil au chevalier. Il avait une attitude presque triomphante et fière. Un peu plus et il bombait le torse de contentement. Sans compter le petit sourire niais qui s'effaçait pas.
Son comportement ainsi que ses deux question me firent comprendre quelque chose. Il connaissait la demoiselle de Beauville. Ou en tout cas, il l'avait rencontré. Sans doute, avait-il même partagé une conversation voire plusieurs. Je faillis en rire. Prétendre ne rien savoir sur cette enfant alors qu'il en savait sans doute plus que tout ceux qui était présent dans cette seule ! S'imaginait-il se la réserver, libertin qu'il était ? Le pauvre ! Si la donzelle s'avérait aussi belle qu'on le prétendait, il risquait de se la voir facilement enlever. Beaucoup d'hommes allaient vouloir réclamer sa par. Et je doutais qu'il puisse défendre très longtemps son butin de chasse. Je me demandais s'il en avait conscience...

- Dites-moi, chevalier, commençai-je. Peut-être que je me trompe mais... vous me paraissez particulièrement intéressé par la jeune mademoiselle de Beauville. Avez-vous le projet de vous marier ? En vu de son âge, elle est en effet apte d'être une bonne épouse ainsi qu'une mère idéale.

Il me jeta un regard noir, comprenant parfaitement le sous-entendu que j'avais fait. Et surtout ma moquerie. Pour un libertin, l'idée de se ranger et de tomber amoureux était la pire des humiliations. Très peu se mariait à cause de ça. Non pas qu'être marié aurait représenté un obstacle. L'adultère tait un soucis pour aucun libertin. Mais néanmoins, cela retirait une certaine liberté malgré tout. M^me si, je dois avouer, cela mettait plus de piquant en vue du risque d'être pris sur le fait. Pour ma part, si je n'étais pas marié, alors que j'étais depuis longtemps en âge de l'avoir fait, il s'agissait uniquement par manque d'envie. Je ne désirai pas être lié par un tel lien qui ne représentait strictement rien à mes yeux. Ma mère avait un époux et ça ne lui avait valu que des malheurs. Mis à part ma naissance. Je préférai de loin être libre. Et le chevalier de Cléance également.

- Je n'ai aucun projet de mariage, monsieur, insista celui-ci sur le dernier mot. Et je ne vois pas ce qui fait croire cela ? Je n'ai que de la curiosité en ce qui concerne mademoiselle de Beauville.

J'eus une petite moue dubitative.

- Je ne sais pas, répondis-je. Une intuition, peut-être. Vu comment notre hôte présente cette charmante demoiselle, j'ai supposé que beaucoup d'hommes se plairaient à la courtiser. Vous compris.
- Et vous, non. Evidemment. Après tout, tout le monde sait que votre vertu est légendaire.

J'eus un fin sourire. Ah ! Il voulait jouer à ce jeu avec moi. Et bien soit ! Jouons !

- Tout comme la vôtre, fis-je tranquillement.

Je m'emparai d'une bouchée des légumes encore chaud de mon assiette et mâchai consciencieusement en regardant le chevalier dans les yeux, lui faisant savoir que c'était son tour. Si toute fois, il avait quelque chose à répliquer. J'attendis quelques secondes, reprenant une nouvelle bouchée, mais rien ne sortit de la bouche du chevalier qui se contentait de me foudroyer du regard.
L'ignorant superbement, je me tournai ers le comte de Brozac.

- Au fait, cette charmante recrue a un nom, je suppose.
- Elle s'appelle Roxane. Roxane de Beauville.

Roxane... Un nom dur et cassant qui, je trouvais, devait parfaitement convenir à la demoiselle. Je devais avouer que je ressentais une étrange excitation à l'idée d'un jour la rencontrer. Quelque chose me disait que je n'allais pas être déçu et que cette nouvelle aristocrate était largement à la hauteur de ce qu'on venait en dire ce soir. J'avais hâte de découvrir ce que valait e petit bout de femme. Plus tout à fait une enfant. Pas encore totalement une femme. Voilà quelque chose que je trouvais alléchant. Etait-elle vierge ? Serais-je son initiateur ? A cette pensée, j'eus un fin sourire. Et un léger fourmillement survint au creux des reins. Je ne pus m'empe^cher d'être amusé de moi-même.
J'avais toujours aimé les obstacles dans mes conquêtes. Et plus les obstacles étaient grands plus j'en prenais un réel plaisir. Ce n'est pas tant le fait de posséder qui m'importait mais la chasse elle-même. Une fois que je suis parvenu à mes fins, je me lassai très vite. Souvent au bout de deux semaines, je partais à la recherche d'autre chose. Mais cette foi, je sentais que cela serait mon plus grand triomphe. Roxane serait mon plus grand trophée. Et qui sait, peut-être ne me lasserais-je pas d'elle aussi vite que toute les autres. Peut-être tiendrai-je plus d'un mois.
En tout les cas, je lui laisserai un souvenir qu'elle n'oublierait pas de sitôt. Sans doute serais-je celui qui ferait d'elle une femme ? Si elle n'a pas encore connu les déboires de l'amour, ce serait un honneur que de lui apprendre. A cette idée, un léger frisson me parcourut l'échine.
Mais bien vite, il se dissipa quand mes yeux tombèrent sur le chevalier. Si mes déductions étaient bonnes... cet imbécile était déjà en contact avec Roxane. Par conséquent, il risquait d'arriver à ses fins avant moi. J'en eu une moue boudeuse.
Mais qui sait ? Peut-être cette chère demoiselle n'était-elle pas vierge. Belle comme on le prétendait, sans doute avait-elle déjà eu des prétendants. Cela me conforta et un sourire moqueur tira mes lèvres en imaginant le chevalier découvrir que sa conquête n'est pas aussi « pure » qu'il le pensait. La tête qu'il ferait ! Moi qui connaissait son amour pour les vierges, je pouvais facilement me représenter sa déception.
Personnellement, à part pour quelques exceptions près, je n'étais pas très friands de ce genre de femmes. Je préférai une femme plus expérimenté, même si la timidité et la maladresse des autres avaient un certain charme. Avec une vierge, il fallait y aller avec minutie et délicatesse afin d'éviter de la blesser et de la faire trop souffrir. De plus, à sa première fois, une jeune file ne ressent pas grand chose. Pour ne pas dire rien. Hors, provoquer des sensations était essentiel à mes yeux afin d'avoir une emprise sur la femme. Ou l'homme si on prend en compte que j'aime plaire aux deux sexes.
Pour un puceau, c'est différent. Le désir et le plaisir montait très vite pour un homme qui n'a pas encore eu l'occasion de se servir comme il se devait de sa virilité. Et donc l'aboutissement arrivait tout aussi rapidement. Un peu trop, peut-être. Je ne pus m'empêcher de penser à mon propre entrée des plaisirs de la chair.
Ça avait été avec un homme que j'avais soigneusement choisi. J'avais quinze ans. Je commençais seulement à m'intéresser au sexe et aux différents plaisirs de la vie. J'ai procédé par étape, ne voulant rien précipité et mieux savourer chaque chose comme la chasse, la littérature, l'escrime, la musique. J'apprenais différents jeux également. Et celui qui me plut le plus fut celui de la rhétorique. Au départ, je m'en servais seulement pour le simple plaisir de jouer, sans rel but concret. Puis, petit à petit, je l'utilisai pour séduire. Naturellement doué, j'ai très vite eu une cour autour de moi. Et petit à petit, j'ai décidé de passer à un niveau plus haut.
Au départ, je n'étais pas particulièrement attiré par les hommes. Si je me suis tourné vers l'un d'eux c'est dans l'unique but d'en apprendre d'avantage sur moi-même et mon corps. Je séduisis le comte de Beaufort qui avait dix ans de plus que moi. Je voulais un homme plutôt séduisant mais avec une certaine expérience. Et je ne fus pas déçu. Même s'il n'avait rien d'un libertin, j'appris beaucoup malgré tout. Puis, quand j'eus obtenu ce que je voulais de lui, je le rejetai.
Ces vieux souvenirs, datant d'il y a quatre ans presque cinq, me mirent l'eau à la bouche. Au même instant, le jeune domestique qui m'avait servi la première fois arriva à près de moi afin de retirer mon assiette à présent vide et de me mettre une nouvelle fraîchement lavée. Je le trouvais plutôt mignon et adorable. Alors qu'il se penchait pour s'exécuter, je le gratifiai d'une caresse de l'index sur sa cuisse musclée. Il eut un léger sursaut, manquant de peu de faire tomber un couvert. Heureusement pour lui, il se rattrapa à temps et personne ne remarqua l'incident. Il me jeta un regard éberlué et quelque peu gêné, ne sachant comment réagir. Je lui adressai un sourire charmeur et pour la deuxième fois de la soirée, il eut droit à un clin d’œil. Le rouge qui monta à ses joues me confirma ce que j'avais déjà déduit. Il était puceau. Et surtout, il ne semblait pas insensible au charme d'un homme à en juger l'activité sous son pantalon.
Je reconnais que j'ai pris un gros risque. Supposons que ce jeune homme n'aie aucune attirance pour le sexe masculin, que ce serait-il passé ? Il aurait probablement réagi plus violemment et quelqu'un aurait remarqué quelque chose. Ce qui m'aurait valu de sacrés ennui. Si tout le monde était au courant de mes conquêtes féminines, personne ne savait pour les masculines. Hormis ma mère, évidemment. On m'aurait vu d'un tout autre œil dans ce cas. Et c'est pareil pour tout autre homme et toute autre femme ayant un penchant pour ceux du même sexe.
Néanmoins, pour le coup, j'avais misé sur le fait qu'une serviteur ne se serait pas exprimer en public. Les domestiques, en général, ne protestait jamais de la sorte. Ils préféraient s'effacer, ne donnant pas vraiment leur avis, de peur de froisser leurs maître qui pourraient les renvoyer. Où s'il le font, ce n'était pas devant des invités. Et dans ce cas-là, je n'aurais eu aucun soucis. Jamais quiconque ne croirait un domestique affirmant qu'un convive lui avait fait des attouchements. Surtout quand ils sont du même sexe. Cependant, j'avais eu de la chance malgré tout.
Je regardai le jeune garçon s'éloigner avec mon assiette sale puis me tournai vers le duc alors que les conversations allaient bon train.

- Excusez-moi, monsieur de Brozac mais y a -t-il possibilité de loger chez vous cette nuit ? Il pleut encore, mes chevaux et mon cocher auront une assez longue route. Je ne voudrais pas vous importuner mais, si vous acceptez, je vous en serai redevable.
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Nicolas de MervilleNicolas de Merville
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MessageSujet: Re: Rumeurs et premiers échos   Rumeurs et premiers échos Icon_minitimeVen 12 Oct - 19:24

- Je vais vous conduire à votre chambre, monsieur.
- Je vous remercie, mon cher, répondis-je poliment.

Le jeune garçon pivota vivement sur lui-même, cherchant à éviter d'être plus longtemps en contact avec l'émeraude de mes yeux, et avança dans les escaliers. Mes lèvres s'étirèrent en un large sourire à cette constatation. Je me délectai du trouble que je provoquai chez ce « malheureux ». C'était tellement comique que j'en aurais pleuré de rire. Regardez-le trembler d'émoi ! Il en transpirait tant il était incapable de contrôler ses émotions ! Je voyais une fine goutte de sueur glisser sur son cou fin.

Fixer ainsi sa gorge dont la pomme d'Adam saillait me mit en appétit. La peau me paraissait si douce et délicieuse à embrasser que j'aurais été capable de plaquer ce jeune puceau pour le prendre ici et maintenant ! Mais patience ! Et un peu de tenue. Ménageons-le. Il ne sait rien de ce que la chair peut apporter. Amenons-le doucement à apprécier la saveur d'une caresse, le piquant d'un baiser. Apprenons-lui à jouer ! Montrons-lui ce que deux personnes peuvent faire sous les draps chauds d'une couche.

Alors qu'il gravissait les marches devant moi, les jambes tremblantes, je m'amusai à l'observer. Ses fesses étaient joliment arrondie et fermes sous sa culotte noire qui épousait la forme de ses cuisses légèrement musclées. Ses mollets plutôt fins pour un homme n'en étaient pas moins charmants. Ils étaient même mignons alors qu'ils se contractaient et se décontractaient au fur et à mesure qu'ils faisaient monter le reste du corps, supportant le poids plume de ce dernier.
Le garçon tourna sur la droite quand nous arrivâmes en haut de l'escalier, empruntant un couloir aux mur fait de boiserie. Les panneaux sombres collés les uns aux autres formaient une magnifique fresque à quelques centimètres du plafond. Les couleurs vives et chaudes ; composées principalement de jaune, de brun et de vert; mettaient en mouvement la représentation d'une expédition de chasse. La meute de chien aboyaient férocement à travers la prairie dont l'herbe tendre se ballottait au rythme du vent. Les cavaliers , juste derrière, se tenaient fièrement sur leur cheval majestueux. A l'avant, une pauvre biche tentait vainement d'échapper à ses poursuivants. Mais elle n'avait aucune chance. La fragile créature ne pouvait rivaliser face à un tel nombre de chiens et encore moins aux balles des fusils que tenaient certains cavaliers. Les traits étaient finement gravés dans le bois et donnaient vie à la scène qui se déroulait sous mes yeux. Je m'attendais presque à entendre les coups de feu, les aboiements des chiens.

Je fus cependant vite sortis de ma contemplation de la fresque quand mon guide tourna sur la gauche pour prendre un autre couloir. Nous ne parcourûmes qu'une petite distance avant qu'il ne s'arrête devant une porte. Il abaissa la poignée et ouvrit, faisant apparaître une coquette chambre. Les draps du lit d'un blanc immaculé offraient quelque chose d'apaisant par rapport au planché d'un bois sombre. La tapisserie était clair également. Il s'agissait d'un jaune plutôt doux et délicat, ajoutant une certaine sérénité à la pièce.

- Nous y sommes, monsieur. Voici votre chambre, annonça le jeune homme qui se mit contre la porte afin de me laisser passer.

Chose que je fis. D'un pas lent et scrutant l'état de la salle. Oui, elle me convenait parfaitement. Elle ferait parfaitement l'affaire pour ce que j'avais projeté de faire cette nuit. Un sourire éclatant illumina mon visage déjà rayonnant.

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit...
- Pourquoi ne pas rester un peu en ma compagnie ? Le coupai-je.
- Monsieur... ?

Je me tournai lentement vers lui, le fixant avec une certaine insistance ; ce qui apporta de la profondeur à mon regard qui se voulait sévère et intolérant face à un refus. Mais en même temps, il était presque tendre et doux afin d'amener mon jeune puceau à me faire confiance. J'exerçai sur lui une dangereuse fascination. Et tout le monde sait que la fascination conduit à la curiosité. Et la curiosité nous pousse à entreprendre des choses qu'en temps normal nous n'aurions jamais fait.
C'est ce qui se produisit avec le domestique tout dévoué qu'il était. Il s'avança dans la chambre et ferma la porte derrière lui sans me quitter des yeux.

Ma bouche s'étira finement mais d'une façon si imperceptible qu'il fallait me connaître ou le savoir que je souriais. Viens, mon tout beau. Jette-toi dans mes bras pour t'y perdre ! Tu pourrais devenir mon élève. Je pourrais t'enseigner tout ce que je sais. Absolument tout. Tu as suffisamment de qualité pour que je prenne la peine de te prendre sous mon aile.
A commencer par ta beauté juvénile. Tu as l'air d'un petit garçon avec tes traits légers et délicats. On a l'impression qu'un rien pourrait te briser. Mais derrière tes airs angéliques, tu as quelques chose de... farouche. Quelque chose qui me ressemble et qui ne demande qu'à être éveillé. Il ne tient qu'à moi d'ouvrir ces barrières. Et j'y parviendrai. Compte là-dessus.

- Approche, fis-je avec une douceur presque paternelle.

Bien qu'il fut d'abord hésitant, il obéit et se plaça face moi, la tête quelque peu baissée. De mon index, je la lui relevai en appuyant doucement sous son menton.

- Laisse-moi te regarder.

Sans attendre sa permission – de toute façon, je ne la lui demandai pas – je scrutai son visage. Il avait un nez plutôt long mais fin qui s'harmonisait avec ses joues pleines et rosées. Ses grands yeux noisettes étaient assez rapprochés mais allaient parfaitement bien avec la forme allongée de sa figure. Sa bouche, bien que large, se trouvait d'une exquise plénitude.

- Tu es beau, déclarai-je.

Ses joues prirent brusquement de la couleur et j'en fus plus que ravi, fier de mon effet. Il faisait exactement ce que j'avais souhaité et prévu. Ce garçon, même s'il ne me résistait pas et tombait sous mon charme comme un insecte est attiré par une lampe, possédait quelque chose que d'autres se trouvaient dépourvu : bien qu'il transpirât l'innocence, il n'en était pas pour autant naïf. Il connaissait l'art des faux-semblant, bien qu'au fond, il n'en usait pas, s'y refusant. Il possédait simplement la capacité de détecter l'hypocrisie et le mensonge. Seule sa morale le retenait d'utiliser ces deux armes pourtant indispensable pour se défendre dans une société prompte à donner des coups dans le dos.

Sa capacité à déceler le faux était une qualité de base d'un libertin. Car un libertin digne de ce nom doit retourner cette duplicité contre ses ennemis en utilisant les mêmes armes. Ce garçon possédait donc les fondations, je me devais dans ce cas lui fournir les outils nécessaires pour qu'il en construise la forteresse. Exactement comme je l'avais moi même réaliser durant mon adolescence. Entre mes treize et quinze ans, j'avais entrepris mon apprentissage par moi-même. Je suis allé vers les gens susceptibles de me prodiguer un enseignement. Des libertins, bien entendu. Mais également des philosophes, des écrivains et des érudits. Je m'étais forgé moi-même. J'avais cherché mes armes et les avais sculptées à ma convenance. Et je comptais guider ce jeune garçon pour qu'il en face de même. Il avait suffisamment de potentiel pour que je prenne la peine d'être son professeur.

Ce rouge qui ornait son visage lui donnait un air candide qui le rendait charmant ! Son adorable petit minois aurait très bien pu me faire craquer mais je me devais de le remettre sur le droit chemin. Ce rougissement, bien que ravissant, ne seyait guère à un libertin en devenir.

- Pas de ça, mon mignon, déclarai-je.

Ma main vint affectueusement caresser son visage, mes doigts redessinant la forme de sa mâchoire, de son nez, de ses joues. Délicatement, je lui pris le menton, le regardant dans les yeux.

- Ne rougit jamais lorsqu'on te fait un compliment. Il n'y a aucune honte à avoir. Apprécie et savoure le pour ce qu'il est. A savoir juste un compliment. Tu peux en sourire mais jamais en rougir. Pourquoi être gêné ? Pourquoi avoir honte que tu aimes la flatterie qu'on te fait ? Surtout lorsqu'elle est sincère.
- Et qu'en est-il lorsque la flatterie n'est que mensonge et façade ?

Sa perspicacité me fit agréablement sourire et me plut. Ma main, qui s'était arrêtée sur sa joue, remonta pour se glisser dans la chevelure brune de mon élève, preuve de mon contentement. La question avait été posée avec habileté et au bon moment. Sans compté qu'elle prouvait une certaine vivacité d'esprit qui me ravissait.

- Une question pertinente, petit cœur, le félicitai-je. Mais ça ne change en rien l'attitude que tu dois prendre. Lorsque le compliment est faux, montre une expression ravie toute aussi fausse. Ne révèle jamais que tu as repéré le ver dans la pomme. Sinon il se défendra et se terrera davantage dans son trou pour que tu ne puisses plus l'atteindre. Il peut même en profiter pour s'insinuer en toi dans le but de te ronger. Tel est l'objectif d'un ver.
- Et vous me suggérez généreusement d'être un ver plutôt que le fruit pourri par ce même ver, c'est ça ?

Je ris d'aise. Décidément, j'avais bien choisi mon apprenti qui avait su trouver ce qu'il y avait derrière mes mots. Je me calmai bien vite et fixai ce futur libertin avec un sourire ravi.

- Tout dépend ce que tu préfères. C'est à toi de choisir qui de la proie ou du prédateur tu acceptes le rôle. Veux-tu être soumis ou dominer ? C'est à toi seul de prendre la décision qui te convienne
- La réponse est pourtant évidente. Qui voudrait porter le fardeau de la soumission ?
- Ce n'est pas toujours le cas, petit cœur. Certaines personnes sont nées pour être victime et ne peuvent être heureuses sans avoir une autorité qui les guide vers un chemin et qu'importe qu'il soit bon ou mauvais. Et il en existe plus qu'il n'y paraît. Crois-en mon expérience.

Il me fixa, dubitatif. Mais il se laissa vite persuadé par la sincérité de mes propos. Au fond, je ne fus pas surpris par sa réticence à croire que des gens puissent aimer vivre sous le joug de quelqu'un. Une réaction naïve mais parfaitement compréhensible. Moi-même, j'avais eu du mal à le croire lorsque j'étais enfant. Ne détestais-je pas les humiliations que me faisait subir mon père ? Ce fut uniquement à force d'observer mon entourage que l'évidence s'imposa à moi. Par conséquent je comprenais que mon élève ait du mal à l'accepter.

- Comment distinguer le vrai du faux chez une personne avec certitude ? demanda-t-il d'un air grave et sincère.

Tout comme moi, il savait qu'on était jamais à l'abri, que des gens excellaient dans la dissimulation. J'en étais la preuve vivante. Sans doute pensait-il à moi en prononçant ces mots.

- Il n'y a aucun moyen sûr, répondis-je sur un ton pourtant rassurant Il y a toujours un moment où la tromperie nous échappe. Personne est infaillible. Pas même moi. On ne peut pas toujours voir venir le coup de poignard. Néanmoins, certains signe peuvent nous éclairer. Une attitude. Le ton employé. Une lueur dans un regard. Mais ça, seule l'expérience et l'habitude de l'observation peut nous l'apprendre. Il s'agit plus d'un ressentit qu'un schéma bien définit.
- M'apprendrez-vous ? Me guiderez-vous pour que je puisse devenir un ver dans la pomme ?
- Si c'est ce que tu souhaites, oui, répondis-je. Je t'apprendrai à mentir, dissimuler et manipuler. Je t'enseignerai comment jouer comme il se doit avec toutes sortes de jouets. Je ferai de toi un dieu aussi éblouissant que moi.

Son sourire me confirma la tentation et l'attirance que j'exerçais sur lui. J'agitais une carotte devant ses yeux et il la convoitait tout en hésitant à se lancer de peur de tomber dans un piège ou qu'on la lui retire. Sa méfiance prouvait qu'il ne s'aveuglait pas et qu'il connaissait mon véritable but. Accepter mon offre reviendrait à vendre son âme au diable. C'est pourquoi son « oui » restait encore bloqué au fond de sa gorge. Je n'avais pas un imbécile face à moi et cela me plaisait. Rare étaient les gens suffisamment honnête envers eux-même. Rare étaient ceux qui réfléchissaient et possédaient une ouverture d'esprit suffisante pour ne pas rejeter derechef ce que la société décrétait comme « maléfique ». Ce jeune homme acceptait d'écouter avant de faire un jugement. Ses questions en étaient la preuve.

Le voir peser le pour et le contre m'amusait. Alors, que vas-tu faire, mon tout beau ? Vas-tu entrer dans mon monde ou choisir celui de ces mécréants ? Je suis impatient de connaître ta réponse. Mais dans tous les cas, je t'aurai. Tu ne pourras pas y échapper. Mais cela vaut mieux que tu me dises oui. Ainsi cela se fera sans douleur.

J'attendis qu'il se remette à parler, qu'il me dise les mots que je connaissais déjà, en vérité. Il me regarda avec une curiosité non dissimulée. J'imaginai déjà ce qui se trottait dans sa tête. Il se demandait si c'était un mal de suivre un homme comme moi. Serait-il plus sage pour lui de renoncer à ma beauté éblouissante et typiquement masculine ou, au contraire, devait-il y renoncer ?

- Que m'arrivera-t-il ? M'interrogea-t-il. Que serais-je pour vous ? Une distraction ? Un jouet dont on se débarrasse une fois qu'on s'en lasse ?
- Tu seras mon élève, répondis-je derechef. Mon protégé.
- Pourquoi moi ? Que suis-je pour vous ? Qu'est-ce qui vous empêchera de me rejeter quand vous aurez eu de moi ce que vous désirez ? Qui me dit que vous ne me parlez pas d'être mon mentor dans l'unique but de me voler ma vertu ?

D'un geste doux, je caressai doucement son visage en lui souriant tendrement. J'espérai ainsi le rassurer quelque peu. Je n'offrais ma sincérité qu'à de très rares personnes. A savoir celles qui le méritent. Et jusqu'à présent, il n'y avait que ma mère et ma tante qui détenait ce privilège. Et maintenant, ce jeune garçon de 17 ans qui me faisait incroyablement penser à moi. A quelques différences près bien entendu. Je n'avais jamais eu cette légère pointe de naïveté et d'innocence. Ou alors je l'avais perdu depuis fort longtemps. Bien avant que je ne devienne un libertin accompli. Sans doute, mon père me l'avait-il volée à force de me malmener comme il le faisait encore aujourd'hui.

- Rien ne peut réellement te prouver mon honnêteté, dis-je. Quoi que je puisse te dire ou faire, rien ne pourra te confirmer ma bonne foi. Mes mots ne pourraient être que des mots. Et mes gestes peuvent tout autant être faux. Toi seul peut accepter de prendre le risque d'être trahi. Tu as néanmoins l'avantage de savoir quel genre d'homme je suis. Tu as donc suffisamment d'éléments pour prendre une décision. Tu peux donc te préparer et organiser ta défense en cas de besoin.

Je marquai un pause, lui laissant la possibilité de répliquer s'il le souhaitait. Mais il garda le silence, se contentant d'analyser mes paroles. Il me regardait dans les yeux, cherchant sans doute la solution à son dilemme.

- Toi seul peut savoir ce que tu peux y perdre et y gagner en acceptant mon offre, ajoutai-je. Une offre que je ne réitérai pas, en revanche. En sortant de cette chambre, tu fermeras à jamais la porte que je t'ai ouverte.

J'aurais pu lui laisser un délai, du temps pour qu'il puisse mieux y réfléchir mais ça n'aurait pas été dans mon intérêt. Je le voulais comme élève. Ne pas lui donner d'échéance lui aurait permis de me fuir, de me faire languir et de monter une barrière infranchissable contre moi. Je me devais de tourner la situation à mon avantage. Evidemment, il pouvait toujours se refuser à moi. Cependant, lui mettre la pression en l'incitant à choisir rapidement le pousserait à prendre le chemin de son véritable désir. A savoir moi et ce que je représentais.

- je... J'accepte, céda-t-il. Je veux devenir comme vous. Montrez-moi la vraie vie et comment profiter pleinement de ce qu'elle peut apporter.

Un sourire radieux aux lèvres, je faillis m'exclamer « à la bonne heure! » mais je m'abstins. Le plaisir de ma petite victoire, je le savourai en silence. Mes doigts parcoururent sa figure, caressèrent un moment sa bouche puis la forme de son nez. Mes lèvres embrassèrent tendrement ses paupières avec délicatesse. Il se laissa faire et je le sentis se laisser aller à mes petites attentions.
D'une main sûre mais affectueuse, je l'amenai contre moi. La chaleur de son corps se communiqua à moi alors que nos souffles se mêlèrent l'un à l'autre.

- Dis-moi ton nom, fis-je d'une voix caressante.
- Dorian. Je m'appelle Dorian... monsieur.
- Nicolas, répliquai-je. Pour toi et dans l'intimité, ce sera Nicolas.
- Comme vous le souhaitez... Nicolas
- Tutoie-moi, Dorian. Inutile de mettre une barrière de formalité entre nous, petit cœur. Faisons-nous confiance.
- D'accord, Nicolas. Comme tu le souhaites

Ma bouche se posa sur ses lèvres duveteuses pour lui offrir un baiser digne de ce nom. Bien qu'il ne réagit pas, Dorian se laissa faire, savourant et étudiant sans doute les sensations que cela pouvait lui apporter avec toute la curiosité dont il avait fait preuve jusqu'à présent. Je poursuivi mon entreprise en suçant doucement sa lèvre inférieur, la goûtant avec une certaine gourmandise que j'avais toujours lorsque je m'adonnais au goût sucré de la débauche. Ma main glissa sur son torse et sous la masse de tissus qu'il portait, je sentais battre son cœur plus fort. J'en souris et poussai le vice plus loin en me frayant un passage dans sa bouche avec ma langue. Il m'autorisa l'entrée et choisit de me rendre enfin mon baiser. Sa langue se joignit timidement à la mienne, ne sachant réellement comment s'y prendre. Et tel le professeur que j'étais devenu, je le guidais sans le pousser à quoi que ce soit. Je le laissai découvrir par lui-même la nouveauté de la chose . Bien que ce fut hésitant, il explora doucement mon palais, frotta sa langue contre la mienne dans une petite danse quelque peu maladroite. Et, comme je l'avais fait pour lui, il emprisonna ma lèvre inférieure entre les siennes pour la déguster à sa guise.

Ses mains, qui étaient restées inactives, se firent aventureuses. L'une d'elle prit place sur ma hanche tandis que l'autre commençait à glisser sur mon dos. Mon premier réflexe fut de lui prendre le poignet avant qu'il ne monte trop haut et positionnait sa seconde main sur l'autre versant de mon bassin. Bien que mon geste demeurât doux, il n'en fut pas moins ferme. Personne ne touchait mon dos fragilisé et extrêmement sensible à force de coups répétés.

Cela eut le don de couper le charme qui commençait doucement à s'installer. Je me séparai presque à regret de ses lèvres. Je ne lui en voulais pas, loin de là. Après tout, il ne savait pas. Comment aurait-il pu ? Tout le monde ignorait les agissements de mon père à mon encontre. Et ceux qui étaient exceptionnellement au courant – à savoir quelques unes de mes conquêtes pour avoir vu l'état de mon dos – ne prononçaient pas un mot à ce sujet. Je leur avais soigneusement intimé la loi du silence. Je savais être convainquant quand il le fallait.

- Ai-je fais quelque chose qu'il ne fallait pas, Nicolas ? M'interrogea Dorian
- Je n'aime pas qu'on touche mon dos, répondis-je presque cassant bien que je gardai une voix douce.

Penaud, il se tut mais eut le bon réflexe de ne pas baisser les yeux comme l'aurait fait une personne soumise et qui ne seyait guère à quelqu'un se prétendant mon élève. Cette constatation me ragaillardit et m'adoucit quelque peu. Je l'avais décidément bien choisit. Le revers de mes doigts caressa tendrement sa joue pour ensuite parcourir son menton que je pris entre mon pouce et mon index.

- Ne t'en fais pas, Dorian. Tu l'ignorais et je ne vais pas t'en tenir rigueur.

Rassuré, il sourit et reprit là où nous nous étions arrêtés. Sa bouche se scella à la mienne par l'intermédiaire de nos langues. Mais très vite je m'en détachais pour venir picorer son cou et en sucer la peau fine. Je le sentis frémir contre moi alors qu'il rejetait la tête en arrière, m'offrant plus d'accès à gorge.

Ma main entreprit d'ouvrir son gilet puis sa chemise. Bientôt rejointe par sa jumelle ; elle se fraya un passage sous ses vêtements afin de les faire glisser le long de ses bras. Les bouts de tissus s'échouèrent lamentablement au sol et me laissèrent voir son torse dépourvu de toute pilosité, au même titre que le mien. J'abandonnai son cou pour pouvoir contempler le spectacle qu'il m'offrait. Bien qu'il ne fusse pas particulièrement musclé, il avait une poitrine lisse et un ventre plat et ferme. Ses tétons durcis et rosés semblaient réclamer mon attention avec une certaine insistance qui me fit sourire. Mais malheureusement pour eux, je n'accédai pas à leur demande. Au lieu de les titiller de mes doigts, je laissai ma main découvrir les moindres crevasses et les moindres courbures de son torse. Sa respiration se fit doucement plus rapide. Le soulèvement léger mais vif de son buste s'avérait tout à fait significatif du désir qui naissait et grandissait en lui.

D'ailleurs, moi-même je n'en menais pas large. Mon propre désir se manifesta à la vue des mouvement de son poitrail affolé. La vision me paraissait si charmante qu'elle aiguillonnait mes sens avec presque cruauté, telle une tortionnaire. Quel délice malsain que cette sensation de chaleur atteignant le cœur et l'esprit et les emportant comme une vague ballottant un pauvre naufragé !

La tempête finit par se déchaîner en moi et le désir se déversa dans chaque parcelle de mon être. Mais avec la force de l'habitude, je lui mis la bride autour du cou, me contrôlant parfaitement. Ma bouche s'approcha de l'oreille de Dorian et je lui murmurai avec une teinte de douceur mêlée de passion.

- Pourquoi ne retirerais-tu pas chacun de mes vêtements, Dorian ?

Son nom, je l'avais prononcé dans un souffle caressant, comme une supplique désespérée. Déconcerté, mon jeune élève me regarda dans les yeux. Même s'il connaissait ma réputation de libertin, il ne s'attendait pas à me voir prendre un ton aussi plaintif. Quand on me connaissait, ça se comprenait. Mais quelqu'un me connaissant sur le bout des doigts n'aurait eu aucune peine à voir que cette intonation était purement théâtrale. En prenant cette attitude, j'espérai le mettre en confiance, lui mettre les rennes entre les mains afin qu'il fasse ses propres expériences et se découvre par lui-même. Il s'agissait de sa première fois après tout.

Timidement, Dorian tendit sa main vers moi et entreprit de déboutonner mon gilet et ma chemise de soie. Bien que maladroitement, il me les retira un à un avec une délicatesse reflétant sa nervosité qu'il tentait de dominer. Et il y arrivait plutôt bien car aucun de ses gestes n'était secoué de tremblement et ses joues n'arboraient aucun signe de rougissement. Cela me fit plaisir de le constater. Je le gratifiai d'un sourire alors que je me trouvais à présent torse nu devant lui.
Je le vis hésiter sur la suite, n'osant pas poursuivre mon effeuillage. Cela ne me surprit guère. Et je ne pouvais lui en vouloir. Patiemment, je lui laissai le temps de rassembler son courage. Je n'étais pas pressé de toute manière. Nous avions jusqu'à l'aube pour nous donner l'un à l'autre. S'il préférait attendre un peu, je n'en voyais pas d'inconvénient. Je n'avais aucune intention de dormir cette nuit. Je l'avais décidé dès l'instant où mon choix s'était porté sur lui.

Avec tendresse et réconfort, je lui caressai les cheveux, lui faisant savoir que nous avions tout notre temps. Et comme je m'y attendais, cela le rassura quelque peu, en raison de son regard reconnaissant. Néanmoins, je ne comptais pas totalement l'épargner. Je n'avais aucune intention non plus de bailler aux corneilles. Et j'allais lui faire savoir.

- Touche moi, Dorian

Bien que mon ton se voulut cajoleur, il n'en fut pas moins impératif. Je voulais qu'il pose ses mains sur moi et me fasse frissonner comme j'aimais le faire. Et il le fera ! Et bien qu'une nouvelle fois déconcerté, il s’exécuta.

Ses doigts touchèrent mon torse et le parcoururent doucement dans une caresse sensuelle. Avec une lueur de curiosité dans le regard, il fit des mouvements de haut-en-bas et goûtait la sensation que ça lui procurait. J'eus un sourire satisfait de le voir apprécier la chose alors que sa main chaude et exploratrice se faisait de plus en plus ferme au fur et à mesure qu'il prenait confiance. Fier d'avoir su détecter son potentiel, je me laissai aller à ses attentions qui commençaient à lentement à faire leur effet.

Je glissai une main sur sa nuque et approchai ainsi son visage du mien afin de m'emparer de ses lèvres. Ma langue força un passage et s'empressa d'explorer l'intérieur de sa bouche avec avidité. Tout sembla tourner autour de moi et je dus resserrer mes doigts sur sa nuque pour éviter de perdre le contrôle de mes sens délicieusement aiguillonnés par le désir qui grimpait doucement.
Je me collai à lui, souhaitant sentir son corps chaud et vibrant contre le mien. Et surtout, je voulais sentir la preuve irréfutable du feu qui brûlait également en lui. Mon autre main se chargea des tests à entreprendre et fut ravi de découvrir la rigidité des lieux. Mon visage arbora un sourire conquis alors que ma bouche abandonnait à regret la sienne.

- Dis-moi, Dorian, ne te sens-tu pas à l'étroit dans tes hauts-de-chausses ? Demandai-je le plus innocemment du monde. Parce que moi, oui.

Mon index et mon majeur dessinaient sans honte les contours de son entrejambe et je pus constater qu'elle était d'assez belle taille. J'en fus ravi. Tout comme je fus ravis de l'effet que mes paroles eurent sur Dorian.

Je l'avais mis au pied du mur et il le savait. Et pour mieux le lui confirmer, je défis la lanière de ses hauts-de-chausses, la lui retirai et la lâchai négligemment. Puis j'entrepris de sortir sa virilité bien en forme de sa prison de tissu. Ma main se referma dessus et commença des mouvements de va-et-vient langoureux. Sans ménagement et avec un plaisir presque sadique, je le pompais, provoquant ainsi des soupires et des tremblements incontrôlés. Il rejeta légèrement la tête en arrière, m'offrant la vue de sa gorge dans un geste affreusement provoquant. Cédant à la tentation, j'y posai mes lèvres pour la picorer de baisers voluptueux. Comme mu par un instinct jusque là encore endormi, Dorian glissa une main dans mes cheveux, emprisonnant quelques mèches entre ses doigts.

Petit à petit et morceau par morceau, je savourai le goût de sa peau perlée de sueur. Et l'idée me vint de tester les deux petits boutons de son torse. Mais avant je devais le préparer et lui faire savoir mes intentions. J'embrassai ses pectoraux avec une langueur exaspérante qui devait le mettre au supplice. La preuve en fut le soulèvement plus rapide de sa poitrine. Son souffle vif battit plus fort sur mon front. Cela m’exhorta à poursuivre mon manège. Je le titillai sans pitié, désirant plus que tout l'entendre gémir sans retenue. Je voulais qu'il me supplie et crie grâce pour que j'accède à son désir. Et il le ferait. D'une manière ou d'une autre, il sera forcé d'implorer ma clémence.

Et il ne fut pas très long. Une plainte lascive s'échappa de sa bouche. Même si elle fut à peine un murmure et brève, je m'en contentais. Après tout, j'avais été plutôt gentil jusqu'à présent. Il était donc normal que sa réponse soit plutôt maigre.Il méritait sa récompense.
J'emprisonnai son téton durci par l'envie entre mes dents et entrepris de le mordiller consciencieusement. Sa réaction fut immédiate. Comme un ressort, il se cambra en poussant un gémissement profond. Le mouvement de son corps eut pour effet de coller nos bassin l'un à l'autre. Sentir son sexe dressé contre le mien dans le même état eut pour conséquence d'exacerber mes sens. Des idées fort peu catholiques germèrent dans mon esprit et à peine se furent-elles manifestées que j'étais déjà en train de les exécuter.

Je glissai le long de son corps non sans le parcourir de mes lèvres et abaissai lentement ses haut-de-chausses, les laissant pour l'instant à hauteur des genoux. En voyant sa virilité fièrement pointée vers mon visage, j'eus un sourire gourmand. Elle me paraissait si délicieusement tentante que je ne résistai pas bien longtemps à l'envie de la goûter. Ma bouche se referma dessus et entama des mouvements ardents de va-et-vient. Afin d'éviter de lui faire mal, je retroussai les lèvres sur mes dents et poursuivis mes petits soins. Ma langue dessina des cercles autour de sa hampe. D'abord amples puis devenant de plus en plus petits et donc plus rapides. Et ce faisant, je continuai de l'engloutir avec frénésie.

Les seules fois où je cessais mon travail, 'était pour chatouille l'extrémité de son sexe du bout de la langue. Et en particulier la petite fente extrêmement sensible. Mes tendres attentions le faisaient soupirer et gémir à profusion.
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Rumeurs et premiers échos

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